Le site patrimonial du Collège-Saint-Alexandre comprend de beaux exemples d'édifices inspirés du style néo-italien qui prend modèle sur les villas et les palais italiens de la Renaissance, dont le volume, souvent asymétrique, met à profit des saillies, des balcons et des tourelles. De ces palais italiens, le pavillon central du Collège Saint-Alexandre emprunte notamment le plan en U, le gabarit à trois étages, la modénature de son appareillage en brique, les corniches et les frontons. Le centre de la façade est couronné par une tour et un lanternon. Le style, les composantes et les matériaux du pavillon central ont été repris pour l'aile de la Chapelle, construite à l'arrière de ce pavillon (1926) ainsi que pour la réfection de la maison Alonzo-Wright (1938). Il s'agit d'un rare exemple d'utilisation de ce style dans l'architecture institutionnelle québécoise au tournant du XXe siècle. La valeur architecturale du site repose aussi sur la renommée de son principal architecte, Charles Brodeur (1871-1936). Au début du XXe siècle, Charles Brodeur est le plus important architecte de l'Outaouais et de l'ouest du Québec. On lui doit, entre autres, la conception des plus importants édifices publics de Hull, dont l'hôtel de ville, le collège Notre-Dame, l'hôpital du Sacré-Coeur (tous trois disparus), l'école normale de Hull (aujourd'hui, le Collège Saint-Joseph), l'hôtel Bank et la caserne de pompiers no 3. À cette même époque, Charles Brodeur est aussi l'architecte attitré des trois anciens diocèses de l'ouest du Québec (Ottawa, Haileybury et Mont-Laurier), pour lesquels il construit un grand nombre de bâtiments institutionnels. Le pavillon central du Collège Saint-Alexandre peut être considéré, à juste titre, comme l'une de ses réalisations les plus achevées.
Ses occupants successifs ont marqué à leur façon l'histoire régionale et nationale. À partir des années 1860, le domaine, dont une partie s'inscrit maintenant dans le site du patrimoine, est la propriété d'Alonzo Wright (1821-1894), surnommé « le roi de la Gatineau ». Héritier d'une célèbre famille outaouaise, Wright est un homme public et un parlementaire siégeant à l'Assemblée législative de la province du Canada puis à la Chambre des communes. En 1905, le domaine est acheté par les Spiritains qui viennent de quitter la France pour échapper aux lois qui retiraient aux congrégations religieuses le droit d'enseigner. Entre 1900 et 1914, plus de 2000 religieux français viendront ainsi s'établir au Québec. C'est dans ce contexte que les Spiritains fondent l'Institut colonial franco-canadien, une école d'agriculture destinée aux immigrés français, dont le bâtiment principal est inauguré en 1907. En 1912, l'Institut ferme ses portes et devient le Collège Saint-Alexandre, un séminaire et un collège classique réputé qui donne naissance en 1967 à l'actuel établissement d'enseignement secondaire privé. Le site patrimonial du Collège-Saint-Alexandre constitue un témoignage important de l'histoire religieuse et de l'histoire de l'enseignement au Québec. La valeur historique du site repose en outre sur son intégrité. Le périmètre du site correspond, en effet, à ce qui subsiste de l'ancien domaine agricole d'Alonzo Wright. Le site comprend également l'une des rares propriétés de notable du XIXe siècle à Gatineau. La villa, ou maison Alonzo-Wright, est conservée et les pavillons d'enseignement construits ultérieurement ont été regroupés au centre de la propriété, sauvegardant des dégagements visuels importants et des voies de circulation où se dressent encore de nombreux arbres matures. La perspective vers la rivière Gatineau, un attribut important pour une propriété de notable, est elle aussi restée intacte.
Règlement de citation : R-913-96
Amendement du règlement de citation : R-345-2006
Source : Ville de Gatineau, 2006.
Reconnue pour sa qualité de vie, Gatineau est une ville de 292 000 habitants. Elle est située sur la rive nord de la rivière des Outaouais, et s'étend à l'est et à l'ouest de la rivière Gatineau.